Artisanat : Rémi Maillard, un des derniers grands maîtres laqueurs

Excellence, dépassement de soi, extrême rigueur… Le métier de laqueur est loin d’être simple à apprivoiser. Pourtant, quel émerveillement en voyant le résultat de cet artisanat millénaire ! La laque embellit chaque pièce d’art, élément de mobilier ou objet décoratif sur lequel elle est appliquée. C’est dans cette entreprise passionnante que s’est plongé Rémi Maillard il y a maintenant bien des années. Formé par les meilleurs en France et en Asie, il est lui-même devenu un grand maître laqueur dont le talent est reconnu par tous. L’Institut Supérieur des métiers lui a reconnu en 2016 le statut très honorable d’E.P.V (Entreprise du Patrimoine Vivant). Aujourd’hui, Rémi Maillard souhaite sensibiliser le grand public à la nécessité de préserver le travail si délicat et si exceptionnel de la laque.

Quand la passion de la laque vous emporte

À l’origine, Rémi Maillard était un peintre-décorateur renommé, mais aussi un styliste ayant travaillé pour les plus grandes maisons de haute couture. Curieux et à la recherche de nouvelles expériences, il découvre en 1982 l’art de la laque, cette résine si prisée des collectionneurs pour sa finesse et ses reflets poétiques. Totalement séduit, Rémi Maillard entreprend de se perfectionner afin d’atteindre le sommet de cet art. S’ensuit un long apprentissage ponctué de séjours en Asie et de stages au cœur des ateliers chinois de Paris. Sa rencontre avec le maître laqueur Bernard Dunand est déterminante et le conforte dans sa voie. Rémi Maillard est fier d’être devenu un expert de la laque de Chine et du Japon, grâce à son travail approfondi sur les méthodes traditionnelles asiatiques datant de plus de 8000 ans.

Toujours tourné vers la création et l’innovation

Depuis 1992, Rémi Maillard enchaîne les expositions dans le monde entier, de Tokyo à New York. Sa renommée est bien sûr très grande en France, où il a même bénéficié d’un reportage complet diffusé sur les chaînes de France Télévision. L’artisan a multiplié les expositions d’oeuvres d’art dans les lieux les plus prestigieux : à l’UNESCO en 1991, au Sénat à Paris en 2010, au Château d’Eau / Château d’Art à Bourges en 2011, au Couvent des Cordeliers à Châteauroux en 2014, au Palais du Roi de Rome à Rambouillet en 2015… Durant la période de confinement due au Covid-19, Rémi Maillard a bien sûr été contraint d’arrêter ses déplacements à l’international. Cela ne l’a pas empêché de rebondir immédiatement : atelier ouvert au public, expositions dans sa région (Centre-Val de Loire), boutique de décoration… Vous êtes de passage dans la ville de Nançay ? N’hésitez pas à lui rendre visite dans son atelier et galerie d’art, ouvert tous les samedis et dimanches après-midi et en semaine sur rendez-vous. 

Un métier “de subtilité, de délicatesse et de raffinement”

Toutes les créations de Rémi Maillard sont réalisées à la main sur un support en bois, en respectant des techniques ancestrales. L’artisan a réussi à redonner un souffle nouveau à l’ancien procédé de laquage chinois sur volume sans le dénaturer. Loin de créer uniquement un décor verni, il travaille en profondeur en usant d’enluminures, d’or et d’argent, de coquilles incrustées… Les différentes couches sont poncées, polies, laquées et lustrées mois après mois. Son passé de moine franciscain le rapproche d’une quête du sacré, qu’il atteint grâce à la satisfaction de se rapprocher jour après jour de l’excellence par son travail acharné. La patience de Rémi Maillard s’apparente presque à une recherche mystique de la perfection. En constante recherche d’amélioration, l’artisan tente d’allier la préservation des traditions à un esprit d’innovation permanente.

Un artisanat en danger

Malheureusement, le lent travail de la laque se perd peu à peu… Les maîtres laqueurs gardent leur savoir secret et se dévouent à la restauration. Quant aux nouveaux artisans, ils adoptent de nouvelles techniques plus simples et plus rapides, qui n’ont plus grand-chose à voir avec les origines. Rémi Maillard le déplore : “Cette façon de créer ressemble à la laque dans son esprit, mais n’a plus rien à voir avec l’authenticité de cet art”. Il pousse un cri du cœur : “6000 à 8000 ans que mon métier existe et aujourd’hui bien des gens le découvrent ! Qu’importent les modes, c’est le but que je me suis fixé, c’est le chemin que j’ai choisi. Faire connaître et défendre le savoir-faire de ce métier millénaire de la laque”.

Et dans cette optique, Rémi Maillard fourmille de belles idées. Il souhaite réinvestir Art’s & Déco, ancien haut lieu de l’art à Nançay, pour y créer un musée antique qui accueillera des expositions temporaires des plus grands laqueurs internationaux. C’est aussi là que se tiendra le Musée du Pinceau, un lieu d’apprentissage de l’art de la laque. Mais pour cela, Rémi Maillard a besoin du soutien d’une fondation : appel aux généreux donateurs qui lisent cet article et souhaitent sauvegarder un art unique et si précieux…

www.remimaillard.com

02 comments on “Artisanat : Rémi Maillard, un des derniers grands maîtres laqueurs

  • Cosson , Direct link to comment

    Bonjour,

    Actuellement marin au long cours je cherche à me reconvertir dans l’artisanat.

    Est-ce que le maître cherche un élève ?
    Y’a a-t-il des formations ou des passages à l’atelier de possible pour découvrir le cœur de ce métier ?

    Bien à vous,

    Gauthier Cosson

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