Cézanne, Giono, Matisse… La Provence est une terre ensoleillée qui séduit les peintres, les illustrateurs et les écrivains. Et c’est là que Marie-Thérèse Tourton-Gruber et son mari Henry Tourton ont posé leurs pinceaux. Dans leurs ateliers respectifs, le soleil plonge ses rayons et inspire les deux artistes.
Un couple, une quête artistique : Marie-Thérèse Tourton-Gruber et son mari Henry Tourton explorent, avec leur univers créatif, les couleurs et les lumières, les nuances et le trait, les ombres et les éclairages. Chacun utilise une technique ancestrale avec sa note personnelle, en quête d’harmonie et d’équilibre pictural.

Henry Tourton, la peinture hollandaise comme toile de fond
Peignant sur toile avec de l’huile de lin, Henry Tourton est né au milieu de l’art, notamment avec sa tante, élève aux Beaux-Arts. Une formation en écriture d’icônes va renforcer sa conviction : l’essentiel, c’est le regard qui illumine le visage, encore faut-il qu’il ne soit pas extatique comme sur une image sainte.
C’est le passage dans l’atelier d’André Fisch qui fonde l’oeuvre d’Henry Tourton, plus encore la réalisation de copies du Caravage, de Vermeer ou de Rembrandt. Elles permettent d’apprivoiser les ombres et les lumières. Ces portraits brillent parce qu’ils sont réalisés sur un fond noir qui absorbe le réel pour le faire rayonner.


Les visages féminins suscitent l’intérêt du peintre provençal. Ses portraits sont vifs, cerclés de couleurs chaudes. Dépeintes avec rondeur, ces femmes évoluent dans des univers chatoyants, dans une nature confiante et luxuriante. Pour capter l’essence de la féminité, Henry Tourton appuie son pinceau sur le regard féminin.
Les yeux, chez Henry Tourton, révèlent les émotions grâce à un éventail de couleurs vibrantes. Les regards sont toujours intenses, profonds, tels ce regard énigmatique de La jeune fille à la perle ou ce portrait de bourgeoise hollandaise qui vous examine. Le fil rouge est clair : poser sur la toile une expression exacte.
La peinture hollandaise, ce sont aussi des natures mortes pourtant bien vivaces : les fleurs donnent envie d’être cueillies et les fruits croqués. Grâce à une lumière douce et une chromatique soignée, ces tableaux sont pleins de vie, gais. Ils représentent une parenthèse hors du temps.


Carte marine enluminée : Marie-Thérèse Tourton-Gruber, messagère
De son côté, Marie-Thérèse Tourton-Gruber a le Moyen-Âge pour passion. C’est donc en tant qu’enlumineresse exigeante qu’elle excelle, fidèle aux techniques ancestrales de cet art médiéval : fabrication d’une détrempe à base d’oeuf, pose d’or 23,5 carats et application minutieuse de la couleur.
Formée chez des maîtres en la matière, Marie-Thérèse Tourton-Gruber utilise du parchemin traditionnel en chevreau et des pigments naturels. Pour placer sa feuille d’or, c’est à l’atelier La Toison d’Or que l’artiste s’est exercée. Elle complète son parcours chez Sylvie Constantin puis chez Maud Pellet, de l’atelier Mots Précieux.
Désormais, l’enlumineresse applique son savoir-faire à la carte marine, ainsi celle des Iles d’Or (Hyères, Var) réalisée dernièrement avec un contour similaire à ceux du XVIIIe siècle, avec un vrai travail de réécriture pour actualiser le trait, une dorure qui évoque des créations cartographiques d’Amérique du Sud.
Marie-Thérèse Tourton-Gruber multiplie les projets d’enluminures, ainsi cette carte du monde retraçant la route directe de l’Europe vers l’Asie en passant par l’Amérique au XVIe siècle. L’artiste s’inspire des travaux de Georges Best, compagnon de route du navigateur anglais Martin Frobisher.

À l’image des copistes choisis pour leur myopie qui les contraignait à se pencher sur le parchemin, Marie-Thérèse Tourton-Gruber se concentre avec précision sur la pureté de ses couleurs qui ne se mélangent pas, des traits sobres, des coups de pinceau vifs qui évoquent l’art africain : c’est la touche personnelle de l’artiste.
Autres notes intimes ou symboliques que choisit souvent l’enlumineresse : l’ancre marine à la corde coupée pour la Bretagne indépendante, la rose des vents marquée de trois points à l’Est pour indiquer Jérusalem ou les vignettes d’un olivier, arbre par excellence de la Provence.
Si Marie-Thérèse Tourton-Gruber a fait de la carte marine son motif signature, c’est que c’est un thème quasiment inexistant en enluminure, et souvent les eaux sont représentées en vert. Avec leur bleu pur, les marines littorales de l’artiste sonnent comme une évidence, en lien avec sa vie en Provence.
Une enluminure, c’est l’alliance de l’histoire et de la géographie, un souvenir des voyages d’Henry et Marie-Thérèse Tourton, comme Marco Polo en son temps. Dépositaire d’une tradition, Marie-Thérèse Tourton s’efface des enluminures et signe seulement de son dessin : l’élégance de ce qui est intemporel.




Informations pratiques
Marie-Thérèse Tourton expose en permanence à la galerie La Dame du Castellet
www.talentsenpartages.fr (voir la page relative à chaque artiste)
m.htourton@gmail.com ❙ henry.tourton@gmail.com
📞 06 23 58 35 69